Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/322

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à Soliman.
pardonnez, je vous plains, je vous chéris… hélas !
Je connais votre cœur, vous n’y survivrez pas.
C’est la dernière fois que le mien vous offense.
regardant sa mère.
mon supplice finit, et le vôtre commence.
il se tue sur le corps de son frère.


SOLIMAN.


ô comble des horreurs !


ROXELANE.


ô transports inouis !


SOLIMAN.


ô père infortuné !


ROXELANE.


Malheureuse ! Mon fils,
lui pour qui j’ai tout fait ! Lui, depuis sa
naissance,
de mon ambition l’objet, la récompense !
Lui qui punit sa mère en se donnant la mort,
par qui mon désespoir me tient lieu de remord !
Pour lui j’ai tout séduit, ton visir, ton armée ;
je t’effrayais du deuil de Byzance alarmée ;
de ton fils en secret j’excitais les soldats ;
par cet ordre surpris tu signais son trépas ;
je forçais sa prison, sa perte était certaine.
L’amitié de mon fils a devancé ma haine.
Un dieu vengeur par lui prévenant mon dessein…
le musulman le pense, et je le crois enfin,
qu’une fatalité terrible, irrévocable,
nous enchaîne à ses lois, de son joug nous accable,