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42 OEUVRES

qu'elles soient nécessaires où on les met, et que d'ailleurs elles s'éclaircissent et s'embellissent toutes réciproquement; à tout arranger pour les effets qu'on a eu vue, sans laisser apercevoir de dessein; de manière enfin que le spectateur suive toujours une action et ne sente jamais un ou- vra;;ie : autrement l'ilhision cesse, et on ne voit plus que le poète au lieu des personnages.

C'est enccre un çrar.d secret de l'art, quand un morceau plein d'éloquence ou uîi beau dé- veloppement S(M^vent, uon-seulel-nent à passion- ner la scène où ils se trouvent, mais encore à préparer le dénoùment ou qtielque incident terrible. En voici un exemple frappant dans les Horaces.

Le vieil IJorace s'ap])laudit de ce qtie ses en- fans n'ont pas voulu (ju'ou les empêchât de combattre contre les trois Curiaces.

Ils sont, gràcos on\ fJieiix , dignes de leur patrie ; Aucun ctonneiîieut n'a leur gloiie fu trie ; Et j'ai vu leur lionneur croître de la moitié Quand ils ont des deux camps refusé la j>itié. Si par quelque faililesse ils l'avaient mendiée , Si leur liai:te vertu Ui' Teùt r-[uuli(e, Ma main luentôt sur eux m'eût vengf' hautement De l'aflront que m'eût fait ce mou consentement.

Ce discours du vieil îlorace, dit Voltaire, est plein d'un art d'autant plus btau (pi'ii ne paraît pas : on ne voit que la liauteui- d'un Romain et ]a chaleur d'un vieil. ard qui préiere riioimeur

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