Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/109

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DE CHAMFORT. I03

En recherchant surloul l'esliuie do soi-même ; La mettre au plus haut prix; l'obtenir de son cœur ; Voilà quelle est sa gloire et quelle est sa grandeur. Si de ce beau désir ton Time est dévorée , Nourris dans toi, mon fds , cette flamme sacrée , Tandis que tes esprits, dans leurniâle vigueur, Du feu des passions reçoivent leur chaleur. Ah ! lorsque les glaçons de la froide vieillesse "Viennent de notre sang arrêter la vitesse , Lorsque nous recelons dans un débile corps Un esprit impuissant , une âme sans ressorts^ Plus de droits sur la gloire et sur la renommée:

La lice de l'honneur est pour jamais fermée :

Et sur nos sens flétris, ainsi que sur nos cœurs.

L'oisive indifférence épanche ses langueurs.

Mon fils, sur les huiiiains que ton âme attendrie

Habite l'univers, mais aime sa pairie.

Le sage est citoyen: il respecte à la fois

Et le trésor des mœurs , et le dépôt des lois :

Les lois! raison sublime et monde pratique,

D'intérêts opposés balance politique,

Accord né des besoins, qui , par eus. cimenté ,

Des volontés de tous fit une volonté.

Chéris toujours, mon fils, cet utile esclavage,

Qui de la liberté doit épurer l'usage.

Entends mes derniers mots, toi, dont les soins prudens^

Doivent de notre fils guider les premiers ans.

J'ai vu son doux sourire à sa naissante aurore;

Son premier sentiment ù tes yeux doit éclore ;

Dans ton sein paternel il ira s'épancher;

Et moi, d'entre tes bras la mort va m'arracher.

Puisse un jour cet écrit , gage de ma tendresse ,

Cher enfant, à ton cœur faire aimer ma vieillesse'

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