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DE cir v:\rFORT. - 107

Un bois touffu remplit leurs intervalles.

D'un doux frisson ces Irembles agiles,

De ces oiseaux la douce mélodie ,

Porten#le trouble à mon âme ravie;

Pour comble encore, à mes yeux eiicliantcs

Ces fleurs , au loin émailiant la prairie,

Pour me séduire étalent leurs beautés.

Séjour touchant ! que n'es-tu ma patrie ?

N'importe, hélas ! de mon cœur endormi

Ton doux aspect a banni la tristesse.

Je suis heureux dans cette courte ivresse r

Je suis heureux : je songe à mon ami.

C'en est donc fait, la trompeuse fortune

A sur mes jours abdiqué tout pouvoir.

Je la bénis; sa faveur importune ,

En aucun temps n'a fixé mon espoir.

Il est bien vrai que, provoqué par elle ,

J'obéissais à sa voix inCdelle ,

Et ton ami s'en faisait un devoir.

Mais elle a fait ce que mon cœur demande :

Sa trahison, que j'aurais dû prévoir ,

De ses faveurs est pour moi la plu> grande.

J'avais pensé , dans ma trop longue erreur ,

Que de ses dons la fatale influence

Aplanissait le chemin du bonheur.

Mais que les Dieux ont borné sa puissance !

Pour être heureux il nous suffit d'un cœur.

Je les ai vus, ses favoris coupables,

En dépit d'elle, illustres misérables,

Fiers d'être sots, de leur faste éblouis,

Punis toujours de n'avoir rien à faire.

Dans If^urs miroirs mille fois reproduits ,

Peindre partout^ voir partout leur misère ;

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