Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/182

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l'y 8 OEUVRES

« Annette ! Annetle ! » En vain sa voix rappelle; Janot, trop sûr de son malheureux sort, Reste un moment immobile comme elle. Tout en impose à sa crédulité. Les yeux fixés sur ceux de sa cousine N'3' trouvent plus cette flamme divine, Qui tout-à-l'heure animait sa beauté : '( Annette est morte ! hélas ! je l'ai perdue, S'écrie alors l'amant épouvanté. Triste tableau qu'elle offrait à ma vue, Deviez-vous être une réalité ! Annette est morte, et c'est moi qui la tue. Qui que tu sois dont l'immense pouvoir Rend à nos champs leur première verdure , Ann.€tte est morte et tu l'as dû prévoir ! Fais la revivre ainsi que la nature ! » En exprimant ces frivoles regrets , Ces vaijîs désirs , de larmes il arrose Le front d'Annette et ses mornes attraits , Baise en tremblant sa bouche demi-close. Anne s'éveille ! hélas ! ce tendre mot Est le premier que ses lèvres prononcent, Et le second que les soupirs annoncent Plus tendre encore est celui de Janot. «Elle revit! Annette m'est rendue ! Tristes regrets , vous êtes effacés; Elle revit, tous mes maux sont passés. Plaisirs , rentrez dans mon Sme éperdue. » A ce discours Anne n'a rien compris, Et sur Janot fixant un œil surpris , Accompagné d'une voix ingénue, « Que veux-tu dire? et quel est ce transport?

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