Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/199

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DE CHAMFORT. ïqS

A.vec amour, et bénit Lucifer ;

Le doux Jésus; l'attrayante Mario ,

<Jui, caressant d'un sourire amical

Les vils suppôts du monstre monacal,

Semble exciter leur dévote furie ; '

En bas , le roi d'un beau zèle échauffé ,

La croix en main, guidant l'auto-da-fé ,

Dont le livret, lu dans chaque famille,

D'un jacobin vu , revu , paraphé.

Va sur les mers, pieuse pacotille.

Charmer , ravir , de Cadix à Manille ,

Ses heureux saints qui prennent leur café.

Vous conviendrez que maintenant l'Espagne

Avec honneur peut ouvrir la campagne.

Qu'on va tout vaincre , et que les ennemis

Seront bientôt chassés du plat pays.

Soit, j'en conviens; mais un moment, de grâce ;

Rendons surtout la victoire efficace ,

Modérons-nous, et faisons qu'aujourd'hui

Le roi n'ait plus une gazette à lui.

Songeons au but de la troisième fête,

Que cette fois pour le peuple on apprête.

Que dites-vous ? le peuple I Eh , oui ! vraiment ,

Dans le malheur on y pense un moment.

Le plus grand roi , quand la chance varie ,

Avec le peuple est en coquetterie.

A son époux la reine a prudemment

Insinué qu'au sein de la victoire ,

Un roi couvert des rayons de la gloire ,

S'il est chéri, paraît encor plus grand.

Le roi, frappé, vit l'importance extrême

De ce conseil : « Eh bien ! dit-il , qu'on m'aime.

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