Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/203

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DF, en \ M FORT. 197

Ce dénoûinent plut Atrt à l'assistance ,

Au roi surtout: Ton reprend contenance,

On se rassure , on rit de son effroi,

Que l'on niait ; nul n'avait craint pour soi :

Lin seul instant si l'âme fut troublée ,

Chacun convient que c'était pour le roi ;

Le roi le crut, se croyant l'assemblée.'

La peur cessant , on devint curieux.

Mais d'où vient donc ce grand convoi de bœufs?

On cherche , on tient tout le fil de l'histoire.

Un empressé courut après l'enfant

Qui prit la fuite ; il avait peur d'un grand ,

Et se sauva de l'interrogatoire.

La reine en rit : chacun des courtisans

Voulait qu'il fût le fds d'un de ses gens ,

Neveu du moins , tant ils aimaient la gloire.

Le roi laissa disputer là-dessus,

Indifférent , puisqu'il ne tremblait plus.

Hors de péril , sa majesté charmée

Lâche deux mots swr l'enfant, le voisin ,

Bâillant, distrait; et dès le lendemain

S'en soucia comme de son armée.

Tandis qu'il bâilie et ne s'.muise pas ,

Des batteinens de mains, de grands éclats,

Des ris joyeux partent de la commune .

Sa majesté , que le rire importune ,

Tarait surprise , elle regarde en bas :

C'était l'enfant qui, reiîtré de fortune ,

Ne craignant plus, voyez-vous, d'être pris

Ni présenté, curieux, s'était mis

Sur un gradin, debout, près de l'issue

Par où des bœufs se pousse la cohue,

Troupeau bénin, qu'on chasse avec des ris.

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