Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/209

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DE CHAMFORT. -^O )

Non, c'est peu de la mort pour une telle offense ;

Ah! par mon désespoir, jugez de ma vengeance.

Sombre divinité des malheureux amans ,

Cruelle Jalousie , arme tous tes serpens ;

Allume dans mon cœur tous les feux de la rage ;

Je le soumets à toi , règne en moi sans partage ;

Étouffe de l'amour les soupirs et les vœux :

C'en est fait, je me livre à tes plaisirs affreux;

Change en noire furie une timide amante ;

Enhardis ce poignard dans ma main chancelante...

Que dis-je? Il n'est plus temps, il a dû m'échapper.

Eucharis , dans tes bras, il fallait le frapper.

O souvenir affreux ! jour fatal à ma gloire ,

Où ma présence même ennoblit sa victoire !

Je courais me venger et te percer le sein ;

Elle vit le poignard qui tombait de iua main ;

Elle vit expirer mon impuissante rage...

Qu'elle va détester ce (uncste avantage !

Oui , sur elle je veux punir ta irahisun ;

Je veux de tes mépris lui demander raison.

Si tu veux adoucir le malheur qui l'accable.

Pour la justifier , cesse d'être coupable ;

V ions me rendre le cœur qu'elle m'avait ravi.

Ah! si du repentir le criiiic était suivi ,

Si tu venais enfin , terminant mon supplice ,

Dans mes veux attendris lire Ion injustice ;

Si ta bouche abjurait ta haine et ta fierté ,

Je ne me souviendrais de ma divinité

Que pour rendre immortels tes feux et ma tendresse.

Viens désarmer mon bras, c'est l'Amotir qui t'en presse

Viens régner avec moi. C'en est fait ; oui , je veux

Que le dieu de mon cœur soit le dieu de ces lieux;

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