Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CD A M FORT. â/jS

persuadé qu'il me conduirait à un lieu plus déli- cieux encore. Je le suivis assez long-temps : le marcher était douxj et c'est ce qui me faisait poursuivre , malgré la variété des détours qui sans doute ont fait abandonner cette route. Le terme où elle conduit est très-désiré, et l'on cherche à y arriver le plutôt possible. J'arrivai enfin au bout de ce sentier, et je me trouvai dans une avenue superbe qui conduisait à un palais dont l'éclat m'éblouit. Je vis de loin une foule innombrable qui remplissait les cours. Je crus qu'ily avait une fête : ma conjecture était d'autant plus fondée , que, dans ce tumulte et cette confusion, je ne dis- tinguai, ni n'entendis aucune marque de joie. Quelle que fût cette fête, je voulus en avoir ma part, et je cédai à cet instinct de curiosité qui maîtrise presque tous les hommes , et souvent les philosophes plus que les autres. J'eus beaucoup de peine à pénétrer, à me faire jour à travers la foule. Des gens plus pressés que moi me pous- saient, me heurtaient, me frappaient même pres- qu'à dessein, et se précipitaient pour passer les premiers : il est vrai qu'ils se trouvaient ensuite renversés ou écartés par d'autres plus forts et plus adroits. Cet empressement général redoublait ma curiosité; mais je craignais bien de ne pouvoir la satisfaire, lorsque je me sentis enlevé et comme porté sur les marches du palais, par un flot im- pétueux, qui me fit courir de grands risques, mais qui m'abrégea la moitié du chemin. Je me V. lO

�� �