Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/306

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se trouvaient trop différentes, nous ne revmssions plus sui- cette conversation. Nos opinions ont plus (fune fots été opposées, sans que d'ailleurs nos âmes aient cessé de s'entendre et de s'aimer: c'est le principal, ou plutôt c'est tout. Je me souviens, entr autres, qu'il y a juste deux ans dans ce mo- ment-ci , nous eûmes une discussion très-animée sur le parti que prenait M, de Galonné , sur son projet de subvention territoriale , infaillible , di- siez-vous , s'il était appuyé , comme il l'était , de toute la puissance du roi. Je vous dis que le roi y échouerait ; je vous dis , en propres termes , qîie le roi pouvait faire abattre la forêt la plus immense ; mais qu'on ne faisait pas quatre cents lieues , à pied , sur des lianes , des ronces et des épines. Ce qise l'on entreprend aujourd'hui est bien autrement difficile. Supposez ( ce qui paraît impossible ) que la nation soit vaincue aux pro- chains états-généraux; je demande ce qui arrivera en r'791 , à l'époque où le troisième vingtième cessera d'être dii , où les impôts ( depuis l'incom- pétence reconnue des parlemens) exigeront le consentement national. Croyez-vous (jue ces cinquante-cinq millions seront perçus? Cioyez- vous même que les autres le soient exactement ? Non , non ; croyez plutôt qu'on ne réduit pas vingt-trois ou vingt-quatre milHons d'hommes, dont le mécontentement ne se montre point sous la forme de révolte, mais sous celle de mauvaise volont(^. Alors , que restera t-il à ceux qui auront

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