Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/317

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DE CHAMFORT. O I I

��siu" la réponse. Je réponds néanmoins à votre lettre, parce qu'elle exprime quelques sentimens d'un ordre que j'ai toujours respecté, et que je respecterai toujours. Je me croirais dur envers vous, si je ne vous pardonnais , dans votre mal- heur, d'être injuste envers moi.

Il n'y a pas tant de contradiction que vous le pensez , entre le passage (cité dans le Mercure) d'une lettre de M. Chabanon , et la douleur pro- fonde, même accablante , dont on l'a vu pénétré, à l'affreuse nouvelle des désastres de Saint-Do- mingue. Eh! pouvait-il ne pas l'être, dans le mal- heur de sa famille qu'il chérit, de plusieurs de ses amis dignes de son attachement, d'un grand nom- bre de ses concitoyens, colons, connus par leur humanité envers leurs esclaves, enfin de sa patrie commune, la métropole sur laquelle définitive- ment retombera une partie de ces calamités? Le lien qui accorde des sentimens qui vous paraissent opposés, est le secret des âmes telles que la sienne. Par malheur , le nombre n'en est pas grand ; et pour le rendre, ce lien, visible à tous les yeux, il eût fallut transcrire , non quelques lignes d'un passage isolé , mais la lettre même qui méritait d'être imprimée tout entière. Ptépétez-moi qu'il a pleuré , abondamment pleuré , qu'il est encore plongé dans la plus amère affliction , ce n'est pas moi que vous étonnerez. M. Chabanon n'est pas de ceux dont on accuse la dureté envers autrui, par celle dont ils sont pour eux-mêmes j et je n'ai ja-

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