Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/326

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était*, en ce moment , un composé de commissaire de quartier, arbitre, juge de paix, lieutenant-cri- ininel, et un peu fossoyeur, vu que les cadavres étaient là qui attendaient ses ordres , comme il arrive uiand le pouvoir exécutif force la souve- raineté à recourir au pouvoir révolutionnaire. Je suis bien aise aussi que Lebrnn soit aux affaires étrani;ères , quoique je n'aie jamais pu , pendant deux mois , obtenir de lui une épreuve de la Ga- zette (le France . tandis cpi'il la faisait sous mon norn. Je n'ai |)as de lancune.

Adieu , mon cher ami ; je vous aime et vous embrasse très-tendrement : vous voyez que , sans être gai , je ne suis pas précisément triste. Ce n'est pas que le calme soit rétabli , et que le peuple n'ait, encore cette nuit, pourchassé les aris- tocrates , entr'autres les journalistes de leur bord. Mais il laut savoir prendre son parti sur les contre-ten)ps de cette espèce. C'est ce qui doit arriver chez un peuple neuf, qui , pendant trois années, a jiarlé sans cesse de sa sublime constitution , mais <:^\\ va la détruire, et dans le vrai , n'a su organiser encore que l'insurrection. C'est peu de chose , il est vrai ; mais cela vaut mieux que rien.

Adieu , encore une fois ; je vous espère sous huitaine , ainsi que notre cher malade. Je ne vous ai point parlé de lui , parce que je vais lui écrire.

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