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LETTRE II.

Paris, 3 2 juin 1784.

Je ne m'accoutume pas aisément à l'idée cVètre réduit à causer par écrit avec vous, mon ami; votre société est si douce, votre conversation si séduisante, et votre amitié si confiante, qu'il est im- possible qu'une correspondance en remplace le moindre charme. L'union des âmes ne veut j)oint de réserve; les lettres en exigent. Eh! qui pourrait exprimer ce qu'un seul regard fait entendre? Quoi- qu'il en soit, je ne suis pas l'enfant gâté du sort, et je dois être habitué aiix contrariétés. Ainsi, je n'ai presque pas le droit de me plaindre de celle- ci , dont vous ne pouvez d'ailleurs ressentir que la moitié, puisque, dans votre belle sohtude, vous avez un ami très-aimable et très-cher. Or, je vous aime pour vous, quoique je jouisse de notre amitié pour moi ; ainsi je ne me permettrai pas même de ])resser votre retour.

J'ai vu hier la difficulté , et je n'en ai pas été content. D'abord, le temps était orageux jusqu'à la tempête; et il a été impossible de se promener au jardin. De là, témoins, espiojis, humeur et réserve; ensuite , sa conversation a eu du haut et du bas ; elle n'a pas dit un mot direct de l'homme à qui nous nous intéressons; mais elle a tenu lant de pro-

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