Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/367

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IW. CHAMFORT. 307

répète en écho : » l'abbé Miolaii! » et les battemens de mains et les huées ; et les mian, miau, miaii. Le grand abbé s'enfuit, trop heureux de n'être pas écrasé... Certainement le petit homme n'était pas bète, et le grand abbé n'est pas poli.

J'attends avec une impatience proportionnée à l'objet, à la situation et à l'opinion que j'ai de l'homme et du sujet traité par un tel homme, la traduction que vous savez. Ne la négligez pas , je vous en prie; vos futures moissons y sont forte- ment intéressées. Il y a bien loin entre savoir que des principes sont utiles , et posséder l'art de les faire adopter aux autres hommes. Cet art de- mande de grandes préparations et des circons- tances auxiliaires. Une impatience qui a même quelque chose de louable , entraîne les gens de bien à promulguer les vérités qui les frappent , dès l'instant où elles s'offrent à leurs yeux , et sans avoir réfléchi si elles s'y sont présentées dans l'enchaînement le plus propre à forcer le consente- ment de tous les esprits. Rien ne diffère plus de l'ordre de génération des idées, que celui de leur perquisition. Il faut que les sciences soient déjà complètes, avant qu'on puisse faire des méthodes j il faut que les vérités morales soient familières avant d'être usuelles. Les langues existaient de- puis une longue suite de siècles , quand on est parvenu à rédiger les grammaires qui nous en rendent aujourd'hui l'étude plus facile. Il faut que des livres de morale ou de politique ex prqfesso

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