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DE CIIAMFORT. 33

faire parler sont bien différens ; et par la manière dont ils modiiient leur stvle, ils détruisent tonte possibilité de comparaison, ici , par exemple, l'un fait parler déjeunes filles, l'autre parle en son pro- pre nom. 11 eût été du dernier ridicule que leur langage lut le même; d'ailleurs, l'on s'exprime tou- jours d'inie manière plus énergique , lorsqu'on se plaint d'un vice qui nous opprime seuls, que quand on parle de ce vice en général, ou que l'on est plusieurs ensemble victimes de ses effets. J'en reviendrai donc à dire encore qu'ils ont par- faitement fait tous deux, mais qu'il faut bien se garder de les comparer. Cependant, nous lisons ^ dans certaine brochure de Voltaire , intitulée Eloge de Crébillon , où pourtant personne n^est loué , excepté Voltaire lui-même , que les chœurs ^Atlialie çXiïEsthei\%o\\l tout ce que les Français ont de plus parfait dans le genre lyrique. Cela est un peu difficile à croire , quand on a lu les Odes sacrées vu et vni , XOJe au comte du Luc , celle au prince de J'endôine sur son retour de Malte , et VEpode de J. B. Rousseau, qui peut seule être regardée comme un des plus beaux poèmes de la langue française. D'ailleurs , serait-il juste, si ce même Rousseau eût laissé deux ou trois scènes de tragédie , parfaitement écrites et dialoguées, que ses admirateurs voulussent l'exalter en le mettant, comme poète tragique , à coté de Racine ou de Voltaire ? Les hommes sont bien étranges de cir- conscrire volontairement le cercle de leurs plai-

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