Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/377

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DE CHAMFORT. S^I

tnoi que j'aie rencontré de ma vie. L'inlérét que vous m'y montrez , et que vous avez su rendre contagieux pour un des hommes de mérite que vous aimez et que vous prisez le plus, a versé la consolation dans un cœur navré par tant de côtés, qu'il ne peut être que bien souffrant , puisqu'il ne se paralyse pas. Véritablement la persuasion intime dont je suis pénétré, que je vaux mieux que mes persécuteurs et mes ennemis , et que dans les êtres créés , rien ne vaut mieux que mon ami le plus cher, me rendent du sonimeil, du bien- être et même des jouissances.

N'ayez pas peur, mon ami, que ce que vous ferez soit mal fait ; il n'est pas en vous de ne pas finir ; et d'ailleurs , pour une âme aussi neuve et aussi forte que la vôtre , un tel sujet est d'inspira- tion, surtout lorsque l'écrivain expose une théorie qui n'est presque qu'à lui seul et dont la pratique a composé et dirigé sa vie. C'est cependant une chose curieuse et remarquable que la philosophie et la liberté s'élevant du sein de Paris, pour avertir le nouveau monde des dangers de la servi- tude , et lui montrer de loin les fers qui menacent sa postérité (*). Jamais l'éloquence ne défendit une plus belle cause ; peut-être ce sont les peuples cor- rompus qui seuls peuvent donner des lumières

��(*) Ceci a rapport à l'écrit sur Tordre de Cincinnatus, l'un de ceux qui contribuèrent le plus à la réputation de Mirabeau, et dont les morceaux les plus brillans sont de Chamfort.

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