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378 OEUVRES

moi. Je ne vous offrirai jamais un échange digne de vous ( si vous ne vouliez commercer qu'avec vos semblables vous seriez bien solitaire); mais tout ce que l'abandon d'une confiance profonde, d'un dévoùment complet, d'une âme ardente, sensible et qui n'est pas sans noblesse , peut avoir d'attachement pour im homme qui sait bien le prix des talens et des pensées, mais qui sait leur pré- férer un sentiment, la seule chose incalculable à la raison même lorsqu'elle est échauffée d'un bon cœur : vous le trouverez en moi ; et si j'ai eu le malheur de vous connaître si tard, ce sera du moins pour toujours que nous nous serons aimés. J'espère , mon ami , que vous serez consolé de ce que votre lettre a été remise ; car je n'eu ai point été fâché, quand elle me l'a lue ; et peut- être si je l'eusse ouverte d'avance , comme vous m'en avez donné la permission ensuite , ne l'au- rai je pas remise. L'aberration des comètes n'est pas plus difficile à calculer que le mouvement du cœur , de l'esprit , surtout de l'amour propre des femmes. Vous remarquez que je n'ai peut-être fait là qu'un pléonasme, au lieu d'im crescendo ; car plus je les vois, et plus je me persuade que l'amour propre est à peu près l'unique clef de ce qu'on appelle leur caractère: or, le caractère ne se compose que des Ijabiludes de l'Ame et de l'es- prit , mélangés, il estfVrai, à des doses inégales; et j'ai beaucoup de peine à croire que le sexe , du- quel les honmies tels que vous et M. Thomas

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