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398 ŒUVRES

besoin. Ne négligez pas cela, je vous en prie. Adieu, mon très-cher ami. Donnez-moi ou fai- tes-moi donner le plutôt possible de vos nouvelles; et aimez-moi comme il m'est impossible de ne pas vous aimer.

��LETTRE X.

Londres, i3 octobre 1784.

Je reçois, mon très-cher ami, une lettre dont l'écriture a fait palpiter mon cœur , comme celle d'une maîtresse lorsque j'avais vingt ans; car la fermeté du caractère et le nombre des pages m'ont appris en un instant que vous vous portiez mieux; que vous aviez plus de forces; que votre amitié pour moi était la même; que vous ressentiez toujours le besoin de causer avec moi; enfin que j'avais recouvré la partie la plus réelle de ce qu'il m'est permis de goûter de bonheur, je veux dire, le charme et l'assurance de votre amitié. Cette rapi- dité de sentiment qui, dans une seule émotion, fait trouver mille certitudes et mille jouissances, est un des plus grands dons que la uatuie ait fait aux cœurs aimans ; et c'est assez pour compenser tous les maux que produit la sensibilité. Car un être sensible jouit avec abandon ; et lorsqu'il souffre dans l'objet aimé , il a encore pour se consoler le sentiment même qui le fait souffrir.

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