Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/415

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UE CHAMFORT. ^OQ

mal , c'est la souffrance de mon amie ; et votre lettre en a tempéré l'amertume. Jugez ce que votre amitié est et peut pour notre bonheur. Hélas- mon ami , il n'en est qu'un de vrai , c'est d'aimer et d'être aimé. Sans ce charme, je ne pourrais déjà plus supporter le fardeau de la vie.... Mais son- geons que j'écris de Londres, et dans le mois de novembre. Ne nous occupons pas de ces idées. Je veux cependant vous dire, et seulement dans des vues littéraires , que j'ai rencontré , à ce sujet, dans le Séjanus de Bergerac, imprimé en i638, et dédié au duc d'Arpajon , où par paren- thèse l'on professe tout haut l'athéisme avec ap- probation et privilège du roi , j'y ai trouvé , dis- je , ces vers qui m'ont bien étonné :

Et puis , mourir n'est rien , c'est achever de naître.

Un esclave hier mourut pour divertir son niaîlre;

Au malheur de la vie on n'est point enchaîné ,

Et l'àme est dans la main du plus infortuné, ;-

En vérité , mon ami, on ne ferait aujourd'hui rien de plus beau que ces deux derniers vers. lî est vrai qu'on en tr luve, à côté, de cette force. Terrentianus demande à Séjanus s'il ne craint pas le tonnerre des dieux; et Séjanus répond :

Il ne tombe jamais en hiver sur la terre ;

J'aurai six mois au moins pour me moquer des dieux.

Non, mon ami, je ne suis point enthousiaste de l'Angleterre; et j'en sais maintenant assez pour vous dire que, si la constitution est la 7iieilleure

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