Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/417

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DE CHAMFORT. /| i ?

a VU. Je VOUS défie de vous faire une idée de la ridiculité des préjugés accrédités sur FAngleterre, tantôt calomniée, tantôt exaltée , avec la plus ab- surde ignorance. Je lais, pour vous et pour moi , des notes qui vous seront utiles et qui vous con- vaincront de ces deux choses : l'une , que le plus léger mensonge mène les voyageurs à des résultats d'une fausseté incalculable ; l'autre , qu'il est une quantité énorme de choses que nous autres, Fran- çais, faisons en les louant , c'est-à-dire qui n'exis- tent que dans nos éloges. Cette observation m'a été confirmée aujourd'hui dans un détail peu im- portant , mais qui vous exphquera bien ce que je veux dire. Tout le monde a entendu parler de la fameuse épitaphe a Wren , dans la chapelle sou- terraine de Saint-Paul de Londres : Si înoTiumen- twn quœris ^ circumspice ; mais personne n'a dit que ces cjuatre mots étaient noyés dans dix ou douze lignes de très-mauvais latin , oii l'on a eu garde d'oublier Veques aureatus et toutes les sot- tises imaginables. De même , il y a, dans i'épiiaphe de Newton, Sibi gratulentur mortelles taie tantiim- que extitisse hwnani gfiieris deciis; cela est bien , mais précédé de onze lignes, dans lesquelles on lit pompeusement Yeques aureatus , le commentaire sur l'Apocalypse , etc. Au reste , ceci me rappelle une anecdote, précieuse pour ceux qui, comme vous et moi , sont à l'affût du charlatanisme hu- main. Voltaire a écrit partout qu'il y avait à Mont- pellier une statue de Louis xiv, avec cette belle

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