Page:Chamfort - Maximes et pensées éd. Bever.djvu/127

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CCXXIV

Êtes-vous l’ami d’un homme de la Cour, d’un homme de qualité, comme on dit, et souhaitez-vous de lui inspirer le plus vif attachement dont le cœur humain soit susceptible ? Ne vous bornez pas à lui prodiguer les soins de la plus tendre amitié, à le soulager dans ses maux, à le consoler dans ses peines, à lui consacrer tous vos momens, à lui sauver dans l’occasion la vie ou l’honneur ; ne perdez point votre tems à des bagatelles. Faites plus, faites mieux ; faîtes sa généalogie.

CCXXV

Vous croyez qu’un ministre, un homme en place, a tel ou tel principe, et vous le croyez parce que vous le lui avez entendu dire. En conséquence, vous vous abstenez de lui demander telle ou telle chose qui le mettrait en contradiction avec sa maxime favorite. Vous apprenez bientôt que vous avez été dupe, et vous lui voyez faire des choses qui vous prouvent qu’un ministre n’a point de principes, mais seulement l’habitude, le tic de dire telle ou telle chose.

CCXXVI

Plusieurs courtisans sont haïs sans profit, et pour le plaisir de l’être. Ce sont des lézards, qui, à ramper, n’ont gagné que de perdre leur queue.