Page:Chamfort - Maximes et pensées éd. Bever.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

montrer. Le confondriez-vous avec les hommes de sang ? — Non ; mais je ne le mettrai pas non plus au rang des esprits sages qui ont prévu les conséquences des déclamations incendiaires, ni des âmes courageuses qui ont travaillé à empêcher les fureurs populaires, ni même des âmes sensibles qui en ont constamment gémi. N’est-ce pas lorsque la terreur l’a atteint lui-même qu’il a cessé d’applaudir au terrorisme ? — C’est bien avant ; et il ne s’est pas borné au silence, il a frappé sur le terrorisme, dès qu’il l’a vu cruel, comme il l’avait fait sur le despotisme dans tous les tems, et sur le modérantisme quand il l’a cru dangereux. Ignorez-vous qu’il fut mis en arrestation pour avoir refusé à Héraut-Séchelles d’écrire contre la liberté de la presse ? N’avez-vous pas entendu citer ce mot qui lui échappa au sujet de la fraternité, que les tyrans proclamaient sans cesse : Ils parlent, dit-il, de la fraternité d’Étéocle et Polynice ? Ce fut lui qui, entendant déplorer l’indifférence du public pour les chefs-d’œuvre de la scène tragique, l’expliqua en ces mots : La tragédie ne fait plus d’effet depuis qu’elle court les rues. Ce fut lui qui dit de Barrère, à la naissance de son pouvoir : C’est un brave homme que ce Barrère, il vient toujours au secours