Page:Chamfort - Maximes et pensées éd. Bever.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des êtres d’une ressemblance parfaite avec cet être privilégié. Dorilas a dit : est-il vrai ? quoi ! même figure, même conformation extérieure ! Eh bien, l’existence de ces individus, de ces hommes, puisqu’on les appelle ainsi, qu’il a niée autrefois, qu’il a vue, à sa grande surprise, reconnue par plusieurs de ses égaux, que, par cette raison seule, il ne nie plus formellement, sur laquelle il n’a plus que des nuages, des doutes bien pardonnables, tout-à-fait involontaires, contre laquelle il se contente de protester simplement par des hauteurs, par l’oubli des bienséances, ou par des bontés dédaigneuses ; l’existence de tous ces êtres, sans doute mal définis, qu’en fera-t-il ? Comment l’expliquera-t-il ? Comment accorder ce phénomène avec sa théorie ? Dans quel système physique, métaphysique, ou, s’il le faut, mythologique, ira-t-il chercher la solution de ce problème ? Il réfléchit, il rêve, il est de bonne foi ; l’objection est spécieuse ; il en est ébranlé. Il a de l’esprit, des connaissances. Il va trouver le mot de l’énigme ; il l’a trouvé, il le tient, la joie brille dans ses yeux. Silence. On connaît, dans la Théologie Persane, la doctrine des deux principes, celui du Bien et celui du Mal. Eh quoi ! vous ne saisissez pas ? Rien de plus simple. Le génie, les