Page:Chamfort - Maximes et pensées éd. Bever.djvu/67

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talens, les vertus, sont des inventions du mauvais principe, d’Orimane, du Diable, pour mettre en évidence, pour produire au grand jour certains misérables, plébéiens reconnus, vrais roturiers, ou à peine gentilshommes.

XXXV

Combien de militaires distingués, combien d’officiers généraux sont morts, sans avoir transmis leurs noms à la postérité : en cela moins heureux que Bucéphale, et même que le dogue espagnol Bérécillo, qui dévorait les Indiens de Saint-Domingue et qui avait la paie de trois soldats !

XXXVI

On souhaite la paresse d’un méchant et le silence d’un sot.

XXXVII

Ce qui explique le mieux comment le malhonnête homme, et quelquefois même le sot, réussissent presque toujours mieux, dans le monde, que l’honnête homme et que l’homme d’esprit, à faire leur chemin : c’est que le malhonnête homme et le sot ont moins de peine à se mettre au courant et au ton du monde, qui, en général, n’est que malhonnêteté et sottise, au lieu que l’honnête homme et l’homme sensé, ne pouvant pas entrer sitôt en