Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/192

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Car nous lui conservons ici tout notre amour,
Nous craignons, au bercail, le loup cherchant sa proie.
Et, comme les brebis qui tressaillent de joie
En voyant reparaître au lointain le berger
Qui les aime et les tient à l’abri du danger
Dont le fauve, aux aguets, les menace sans cesse,
Nos cœurs reconnaissants palpitent d’allégresse,
Lorsque notre œil, sondant l’immensité des eaux,
Découvre à l’horizon les voiles des vaisseaux
Ramenant sous nos cieux ces absents vénérables.
Oui, nous les chérissons, au pays des érables,
Les confesseurs du Christ, que de nouveaux Judas
Sur des bords étrangers couvrent de leurs crachats.
Et comment pourrions-nous ne pas chérir ces hommes ?
Patriotes, ils nous ont faits ce que nous sommes ;
Pour nous ils ont souffert, pour nous ils ont lutté ;
Et si nous jouissons de cette liberté
Qui fait de notre plage une terre bénie,
Si nous avons jadis vaincu la tyrannie,
Si d’un siècle fécond nous voyons les éclairs
Illuminer nos champs, nos forêts et nos mers,
Si nous restons toujours ce qu’étaient les ancêtres,
Nous devons ces bienfaits augustes à nos prêtres.
Oui, grâce à ces pasteurs, le flambeau du Progrès
Rayonne sur nos eaux, nos bois et nos guérets.
Plus de désert sans fin ! plus de plaine inféconde !
Où le fauve hurlait la vapeur siffle ou gronde.
Partout les Édisons changent les nuits en jours,