Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les champs dressent leurs blés et les cités leurs tours ;
Où fumait le wigwam la coupole flamboie,
Des temples saints, où l’art chrétien déjà déploie
L’envergure de l’aigle ou le vol du condor,
Jusqu’au dais sidéral portent leurs flèches d’or ;
Et partout des foyers de science surgissent,
Des horizons nouveaux s’ouvrent et s’élargissent.
Vers son but notre race avance incessamment.
Quel fécond et superbe épanouissement !
Sur la scène, au prétoire, aux rostres, dans la chaire,
Le verbe des aïeux, cette langue si chère,
Pour qui nous avons tous si vaillamment lutté,
Cette langue d’amour, de force et de clarté,
Vibre avec la souplesse et la force dont vibre
La parole ou le chant d’une nation libre.
Ô la fécondité du vieil esprit gaulois !
Vaincus, nous triomphons et nous faisons nos lois ;
Notre forum, qu’emplit la foule souveraine,
Retentit des accents mâles des Démosthènes ;
Nos cathédrales ont leurs Listz et leurs Mozarts ;
Et Paris, le Paris des lettres et des arts,
Si prodigue parfois d’encens et d’harmonie,
Mais qui pour ceux-là seuls qu’a marqués le génie
Fait résonner sa lyre et brûler ses parfums,
Acclame nos sculpteurs, nos peintres, nos tribuns,
Redit l’écho divin des chants de nos poètes
Exaltant les succès ou pleurant les défaites
De Celle qui, là-bas, devra rester toujours