Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/201

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Il est fâcheux pourtant que son corps sans égal
Soit ainsi déformé par ces deux grandes ailes
Qui ne servent à rien et semblent si rebelles…
Quel dommage ! Il est vrai que c’est sa rareté
Qui fait son prix. Mais quel dompteur, quel exalté
Oserait chevaucher une pareille bête ?
Autant vaudrait tenter de brider la tempête. —

Et l’on se méfiait, et pas un ne voulait
Acheter le griffon.
 
Acheter le griffon.Monté sur un mulet,
Un vigneron s’en vint et dit, fixant Pégase :

— Lorsque des ceps trop longs me nuisent, je les rase.
Ces deux ailes aussi nuisent, et l’on pourrait
Les couper, les lier… Cet étalon vaudrait
Dix fois plus, dépouillé d’une telle envergure.
En tout cas, je paierai cent francs de la monture.

Tope ! fait le poète, enchanté du marché.

Par son maître nouveau Pégase est harnaché,