Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/205

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Prête-moi ce cheval ! prête-le-moi, te dis-je,
Et je te ferai voir à l’instant un prodige ! —
La bête, dételée, au ciel lève les yeux.
Le jeune homme bondit sur son dos tout fangeux…
Sous le fier cavalier le fier coursier s’élance,
S’enlève dans l’espace, et sa prunelle lance
Des éclairs… Ce n’est plus un cheval, c’est un dieu…
Ventre au nuage, il court au grand domaine bleu,
Dans les gouffres du ciel il plonge, il plonge, il plonge,
Et se perd dans l’abîme insondable du songe,
Laissant derrière lui, pour marquer son chemin,
Un radieux sillon de rose et de carmin.