Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/33

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Écrit sur un fragment d’écorce de bouleau ;
Et sa face, gardant cette vague lumière
Qu’au front des défunts met la suprême prière,
Semblait, dans le silence et dans l’immensité,
Réfléchir les rayons de l’immortalité.

Le poème trouvé dans la main noble et sainte
Qui venait de l’écrire était une complainte.
On y lisait l’adieu que l’aëde-martyr
Adressait à l’épouse au moment de mourir.
On y croyait sentir encor frémir la lèvre
Du malheureux tué par la faim et la fièvre
En voulant échapper au Peau-Rouge cruel,
On y croyait entendre encore ce qu’au ciel
Il avait demandé, par un si grand désole,[1]
Lorsque sa tombe seule entendait sa parole.

Un jour, les bûcherons qui vont, tous les hivers,
S’ensevelir au fond de nos mornes déserts,
Se prirent à chanter la complainte héroïque.
Deux siècles ont déjà passé sur l’Amérique
Depuis qu’elle vibra pour la première fois.
Elle résiste au temps et reste fraîche et neuve ;

  1. Dernier hémistiche du sixième couplet de la complainte trouvée dans la main de Cadieux couché dans sa fosse. (Note de l’éditeur.)