Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/81

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La paix de la savane ! Elle est pour le chasseur
Comme la paix du temple où l’on s’incline et prie.
Même le bruit léger de la feuille flétrie
À son oreille est d’une indicible douceur.

Et, comme le marin s’endort au doux murmure
De l’onde caressant son bateau dans la nuit,
L’amant de la forêt se grise en son réduit,
De la rumeur du vent à travers la ramure.

Aux premières lueurs du jour au firmament,
A la hâte il déjeune, et, se chargeant des pièges
Qu’il a terrés tout près, à la fonte des neiges,
Il reprend son chemin dans le désert dormant.

Il étend quelques-uns des traps, et les espace
De ruisseaux en ruisseaux, de fourrés en fourrés,
Sur des mousses d’émail et des sables dorés,
Où son regard chercheur suit la bête à la trace.

Le carnivore seul demain y sera pris,
Le castor habitant des caches plus lointaines.
Et les coups de hachot sur les piquets des chaînes
Font rugir les échos, envoler les perdrix.