Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Derrière lui traînant le rouge et chaud débris
D’un lièvre qui s’émiette à travers les fardoches.

Le gibier, traversant ce sillage de chair,
Le flaire, le suit, court se jeter dans l’attrape.
Et Loubier, précédé de Fidèle qui jappe,
Porte un fardeau toujours plus pesant et plus cher.

Le soir, près d’un brasier d’érable qui flamboie
Et de son gîte fait un antre de sorciers,
Il étend sur ses fûts les peaux des carnassiers
Dont la capture vient de l’affoler de joie.

Et tous les jours il marche ainsi, fiévreux, fumant,
Montant et dévalant sous les sombres ramures,
Ecrasé par le faix précieux des fourrures
En un ballot soyeux qui s’enfle incessamment.

Sitôt qu’il a franchi le seuil du dernier gîte,
Qu’il a sommeillé là, devant un grand feu clair,
Le trappeur redéfait sa route, et, comme hier,
Des pièges recommence, en hâte, la visite.

                                       ***