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diffus, confus et obscur dans ses écrits. Rien n’est plus rare qu’une bonne page chez M. Wagner. Si parfois il a raison sur un point, bientôt il s’empresse de se donner tort quelques lignes plus loin. On dirait que son but est de vouloir rester seul ; qu’il écrit non pas pour convertir à ses idées mais pour faire parler de lui. En toutes choses et toujours, il vise à l’effet et au bizarre. Il y parvient dans ses œuvres musicales par des combinaisons nouvelles de timbres, par des sonorités qui ne sont là que pour masquer l’absence de mélodie. Dans sa prose l’idée est plus apparente, mais il ne sait l’exposer ni clairement ni simplement ; il en résulte que l’effet si ardemment visé n’est pas atteint.

Il y a toutefois, une grande différence entre le musicien et le critique. Autant le premier est habile dans l’art d’écrire, autant le second y paraît détestable. Mais l’œuvre musicale de M. Wagner était trop considérable par le nombre et trop individuelle par la forme pour que ses écrits n’attirassent pas l’attention du public. La situation personnelle de M. Wagner devait, en outre, aider à leur publicité.

Pauvre et errant, d’abord, obligé de vivre de copie et de transcriptions musicales, tantôt à Paris,