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le plus naturel, et parle ainsi, par l’effet de la grâce la moins affectée, au cœur des homes, à quelque nationalité qu’ils appartiennent. Puissions-nous mieux reconnaître l’esprit allemand et sa mission dans l’action universelle de la mélodie de Weber que nous ne connaissons dans le mensonge de ses qualités spécifiques !

Weber, tout rempli de cette mélodie, y subordonna toute sa méthode. Dans tout ce qu’il veut rendre, dans tout l’échafaudage de ses opéras, dans tout ce qu’il sait capable d’être exprimé par cette mélodie, ne fût-ce qu’en la touchant de son souffle, ne fût-ce qu’en répandant d’une goutte de la rosée tombée du calice de la fleur, il réussit à produire des effets vrais et saisissants. Et c’est avec cette mélodie que Weber fit le véritable facteur de son opéra ; l’intention du drame trouve sa réalisation dans cette mélodie, en ce sens que tout le drame aspirait d’avance à être absorbé en elle, à être consumé par elle, à y trouver sa justification.

Si nous considérons à ce point de vue le Freischütz en tant que drame, il faut que nous assignions à son poëme la même position vis-à-vis de la musique de Weber, qu’au poëme de Tancrède