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côtés sa lumière vacillante sur « le prince et la princesse, » pour maintenir dans une vie colorée les pauvres et malheureux chanteurs.

Ainsi fut fermé, à sa honte mortelle, le cercle du drame : les personnalités individuelles, en qui le chœur du peuple s’était jadis condensé, fut noyé dans un entourage bigarré, confus et sans centre d’action. Cet accessoire, cet immense attirail scénique, machines, toile peinte et habits multicolores, nous crie : C’est moi qui suis moi, et en dehors de moi, il n’y a pas d’opéra.

Il est vrai qu’autrefois déjà, de nobles artistes avaient fait de la couleur locale ; mais cela ne pouvait produire un charme réel qu’en servant occasionnellement de parure à une matière dramatique animée par une action caractéristique, et qu’en se produisant sans aucune ostentation. Avec quel art Mozart sut donner de la couleur locale à son Osmin et à Figaro, sans pour cela chercher les couleurs en Turquie et en Espagne, ou même dans les livres. ]Iais cet Osmin et ce Figaro étaient des caractères individuels, réels, heureusement conçus par le poëte, doués par le musicien d’une expression vraie, que ne pouvait pas altérer un bon acteur. Les éléments