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Au fond, cet entourage ainsi « émancipé » n’était encore qu’un masque. Si la vie véritablement caractéristique faisait défaut aux personnages principaux de l’opéra, elle pouvait encore bien moins être donnée à l’ensemble des masses. Le reflet que cet apparat devait jeter sur les personnages principaux, pour les animer, ne pouvait produire un effet utile que lorsque le masque de l’entourage recevait du dehors une peinture qui pût dissimuler son vide intérieur. Cette peinture fut fournie par le costume historique, que venait relever encore le coloris national.

On pourrait croire que l’adoption du principe de la donnée historique devait avoir pour conséquence d’attribuer au poëte une action décisive sur la fiction de l’opéra. Mais nous reconnaîtrons facilement notre erreur, en nous rappelant la marche suivie jusqu’alors par le dévoloppement de l’opéra, en réfléchissant qu’il ne devait toutes les phases de son épanouissement qu’à l’effort désespéré du musicien pour conserver à son œuvre une existence artificielle, qu’il fut amené à mettre en scène les airs historiques, non pas par suite du désir bien naturel de s’abandonner au poëte, mais sous la pression de cir-