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formules qu’au moment même de rexécution. La faiblesse des poëmes français consistait surtout en ce que leurs sujets ne commandaient pas nécessairement la musique, lors même qu’ils n’eussent pas été, de prime abord, absorbés par la musique. Le théâtre de « l’Opéra-Comique » était la maison propre de ce genre amusant, souvent aimable et spirituel qui produisait toujours les meilleures œuvres, toutes les fois que la musique pouvait naturellement et sans contrainte entrer dans le poëme.

Scribe et Auber s’avisèrent un jour de traduire ce genre dans la langue pompeuse du « grand opéra. » La Muette de Portici est cependant encore une pièce de théâtre bien ordonnée et où on ne reconnaît nulle part l’intention de subordonner l’intérêt dramatique à l’intérêt purement musical. Toutefois, l’action dramatique y repose sur la participation des masses, de telle sorte que les personnages principaux deviennent plutôt des représentants portant la parole au nom de la masse que des personnages agissant en vertu d’une nécessité individuelle. Déjà le poëte, arrivé devant le chaos du grand opéra, tenait si faiblement les rênes des chevaux du char de