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voulait réaliser ce point d’appui pour épargner à l’imagination tout effort pénible. Ce que, dans la musique instrumentale on demandait systématiquement aux situations de la vie naturelle ou humaine, on voulait, dans l’opéra, le réaliser matériellement, afin de produire un effet d’imagination tout en se passant du concours de l’imagination. Le compositeur emprunta cette base naturelle à la mécanique scénique, en s’appropriant les effets qu’elle était capable de produire, c’est-à-dire en les détachant de l’objet qui, sur le terrain de la poésie et en dehors du domaine de la mécanique, aurait pu les commander ou les justifier. Nous allons éclaircir ce point de doctrine par un exemple qui achèvera de caractériser l’art de Meyerbeer

Admettons qu’un poète se soit exalté pour un héros luttant pour la liberté, dont le cœur soit enflammé d’un puissant amour pour ses frères opprimés et dépouillés de leurs droits les plus sacrés. Il veut représenter ce héros au point culminant de sa carrière, le placer dans la pleine lumière de ses glorieux efforts ; il choisit, pour cela, une des phases décisives de son histoire. Suivi de masses populaires répondant à son appel enthousiaste et quittant leurs