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bles qui s’opposent à tout avenir meilleur : « Sus donc à l’ennemi ! crie-t-il. Il faut vaincre ou mourir, et que cette ville soit à nous ! »

Là, le poëte est épuisé, et s’il veut montrer sur la scène le moment où, subitement, l’enthousiasme apparaît dans une réalité persuasive, il faut que cette scène devienne pour nous le théâtre du monde ; il faut que la nature soit mise à l’unisson de nos sentiments, et qu’elle ne reste pas comme un accessoire froid et accidentel. Mais la nécessité presse le poëte : — il dissipe les nuages du matin et sur son ordre, le soleil se lève rayonnant sur la ville vouée maintenant à la victoire du héros enthousiaste.

C’est ici qu’apparaît le triomphe de la toute-puissance de l’art, car, ces miracles, l’art dramatique, seul, peut les produire.

Mais de pareils miracles, que l’inspiration du poète dramatique peut seule engendrer, n’ont pas iesoin du compositeur d’opéra ; celui-ci ne cherche que l’effet sans se soucier de la « cause », qui n’est pas en son pouvoir.

Dans la scène principale du Prophète, de Meyer-