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gestes, et l’objet qu’il devait exprimer à la puissance de la musique, de régler sur elle son propre pouvoir ; de même que, dans l’opéra, le chanteur était obligé de tempérer son propre pouvoir dramatique sur l’expression immuable de l’air et de laisser sans développement son action personnelle : la nature des choses permettait en réalité de faire la loi.

La position contre nature des facteurs artistiques les uns vis-à-vis des autres, étant donnée, l’expression musicale en était restée dans l’opéra comme dans la pantomime, à un formalisme rigide ; l’orchestre surtout n’avait pas pu, pour accompagner la danse et la pantomime, acquérir la faculté d’expression qu’il eût atteint, si l’objet de l’accompagnement par l’orchestre, à savoir la pantomime dramatique, avait pu se développer suivant son propre et inépuisable pouvoir intrinsèque, et fournir ainsi par elle-même à l’orchestre la matière d’une véritable invention. Rien d’autre n’avait été jusqu’alors possible à l’orchestre dans l’opéra que la banale et servile expression rhythmique-mélodique dans l’accompagnement des actions mimiques : on n’avait cherché à lui donner de la variété que par l’abondance et par l’éclat du coloris de l’extérieur.