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rencontrée dans le peuple, et celui de l’étude de son organisme intérieur. La joie en elle-même devait, à proprement parler, rester stérile pour notre activité artistique. Pour imiter avec quelque succès cette mélodie, nous eussions été obligés, pour le fond et la forme, de nous renfermer étroitement dans un genre artistique analogue à la chanson populaire ; bien plus, pour acquérir cette faculté d’imitation, il nous eût, à vrai dire, fallu devenir nous-mêmes des artistes populaires. Nous n’eussions donc pas et même à l’imiter, mais à la retrouver comme peuple.

Il eut été possible, dans un travail artistique entièrement différent de celui du peuple, d’utiliser cette mélodie, en la soumettant à un entourage et à des conditions qui devaient nécessairement la défigurer. L’histoire de la musique d’opéra se ramène uniquement au fond à celle de cette mélodie. Dans cette histoire, la mélodie populaire a des périodes où elle est tour à tour prise et reprise et en même temps défigurée, suivant des lois analogues au flux et au reflux. Les musiciens, qui sentirent le plus douloureusement ce qu’était devenue la mélodie populaire devenue l’air d’opéra, se virent acculés à la