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avec ignorance et négligence par les directeurs des établissements artistiques. Lorsque la tâche la plus élevée de l’orchestre était contenue dans une partition de Mozart, l’orchestre avait toujours à sa tête le véritable maître de chapelle allemand, toujours grandement considéré (au moins dans sa localité), sûr, sévère, despote et même brutal. Le dernier de cette race était Frédéric Schneider, de Dessau. Guhr, de Francfort, lui appartenait aussi.

J’ai pu apprécier, il y a environ huit ans, par l’exécution de mon Lohengrin à Carlsruhe, sous la direction du vieux maître de chapelle Strauss, tout ce que ces hommes, véritables « perruques », d’après la manière dont ils se comportent vis-à-vis de la musique nouvelle, pouvaient produire d’excellent dans leur genre. Cet homme estimable envisageait évidemment ma partition avec épouvante et avec un étonnement gros de soucis ; mais son attention portait aussi sur la direction de l’orchestre, que l’on n’aurait pu imaginer ni plus précise ni plus vigoureuse ; on voyait que tout lui obéissait comme à un homme qui n’admet aucune plaisanterie et qui tient son monde dans la main.