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avec satisfaction ; le public n’y trouva rien à redire ; seuls, les critiques d’art entrèrent en fureur, et intimidèrent à tel point les administrateurs de la Société, que ceux-ci me recommandèrent de faire exécuter la symphonie de Mozart en en me conformant à la tradition et aux errements suivis par Mendelssohn lui-même.

La fatale maxime ne tarda pas à se formuler d’une manière plus précise encore dans la prière que m’adressa un bon vieux contrepointiste (M. Potier, si je ne me trompe) ; je devais diriger l’exécution d’une de ses symphonies ; il me conjura d’en enlever vivement l’andante, parce qu’il tremblait que cet andante n’ennuyât. Je lui observai que ce fragment, si peu de temps qu’il durât, ne manquerait pas d’ennuyer, s’il était exécuté légèrement et sans expression ; tandis qu’il captiverait à coup sur l’attention, si le thème, du reste fort joli dans sa naïveté, était reproduit par l’orchestre, tel que je me misalorsà le lui chanter, tel, en somme, qu’il l’avait conçu lui-même. Profondément ému, M. Potter me donna raison, et s’excusa en me disant qu’il avait perdu de vue ce genre d’exécution orchestrale. Le