Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol2, 1874.djvu/352

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Je me rencontre avec la partie la plus naïve du public, et même avec le goût de nos aristocratiques amateurs d’opéra, en m’en tenant à celui qui donne quelque chose de lui-même, et duquel il parvient directement quelque chose à notre oreille et à notre sentiment. Toutefois, je serais désagréablement surpris si, en contemplant M. Joachim sur sa chaise curule, je ne lui voyais en main que l’archet seul. Car je professe à l’égard des violonistes l’opinion de Méphistophélès sur les belles ; » Méphistophélès ne pouvait « se les figurer qu’au pluriel. » Le bâton de chef d’orchestre doit parfois lui peser lourd ; il semble aussi que dans le domaine de la composition il ait rencontré plus dépines qu’il n’a distribué de fleurs au public. En somme, j’ai peine à me figurer les tables de la loi étalées sur le pupitre d’un premier violon. Socrate ne pensait pas que Thémisiocle, Cimon et Périclès, excellents généraux, orateurs éloquents, fussent par cela même les mieux qualifiés pour gérer dans les meilleures conditions possibles les affaires de l’État ; au contraire, il lui était facile de démontrer, preuves en mains, que ce système avait de fâcheux résultats pour l’État et pour eux-mêmes. Mais peut-