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tune » et comme exclusivement préoccupés de l’amour de l’art ? Après cela, dire que le désintéressement est un signe caractéristique du musicien allemand, n’est qu’une risible plaisanterie, bonne pour des niais.

Le titan Gluck, en matière de traités avec les directeurs, en eût remontré à Meyerbeer lui-même, et ce n’est pas peu dire ! M. Wagner, en nous assurant que « l’Allemand compose sans souci de ce que deviendra son œuvre, » ne peut avoir la prétention de se peindre. Comblé de faveurs et d’argent, abrité dans un charmant chalet aux bords du lac de Lucerne, hommage du roi de Bavière, et bientôt à Bayreuth, dans une maison construite avec les souscriptions de quelques fanatiques, il ne nous représente nullement « l’Allemand rêveur » négligent de sa fortune. Et qui donc ignore que chez M. Wagner, le talent de l’homme d’affaires est au niveau du talent de l’artiste ?

Nous en sommes fâchés pour l’auteur du Tannhauser, prodigue de menées, d’ingratitudes et de perfidies où le culte de l’art n’a rien à voir, mais ce désintéressement qu’il nous donne comme l’apanage du musicien allemand, c’est surtout en France qu’on le trouve. Chez nous, le compositeur ne doit compter