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ouverture, de même aussi ne trouve-t-on pas un seul endroit dans le tissu musical que l’on puisse rapporter directement à la marche de l’action. C’est dans ce sens qu’il nous faudrait considérer l’introduction empruntée à la scène du spectre, qui aurait dû se trouver, au contraire, à la fin de l’ouverture. Par contre, son morceau capital est libre de toute réminiscence du motif de l’opéra, et tandis que l’auditeur est subjugué par le développement purement musical du thème, ses sensations intellectuelles s’arrêtent au péripéties d’un combat acharné, qu’il ne s’attend pas à voir développer devant lui comme action dramatique.

Là, se trouve la différence fondamentale qui existe entre l’ouverture de Don Juan et celle de Léonore car à l’audition de cette dernière, nous ne pouvons nous défendre de la violente anxiété avec laquelle nous assistons à la marche d’une action saisissante se passant réellement devant nous. Comme nous l’avons déjà dit, Beethoven a, de ce puissant morceau d’harmonie, fait un véritable drame musical, un drame vivant de son existence propre, créé à l’occasion d’une pièce de théâtre. Ce n’est donc pas seulement une simple esquisse du drame, une simple introduc-