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époque. Quelque sincères que soient nos efforts pour ne nous occuper que de la vraie substance de l’art ; quelque énergique que soit l’indignation avec laquelle nous nous mettons en campagne contre le mensonge, cependant nous nous abusons sur cette question, au point de devenir impuissants à combattre l’erreur, car nous conservons de parti pris sur la nature de la musique, la plus frappante de toutes les formes de l’art, des idées erronées auxquelles il faut attribuer la ruine évidente de l’opéra.

Il semble qu’il faille un grand courage et presque de la témérité pour confesser cette erreur et la signaler ouvertement. On s’imagine, en prononçant la sentence nécessaire, montrer l’inutilité de la production musicale contemporaine ; il faut donc, pour s’y résoudre, une très grande abnégation. Je m’y résignerai cependant, comme s’il ne coûtait aucune peine, comme s’il ne fallait pas la moindre hardiesse pour reconnaître simplement et sans manifester aucune surprise des choses qui sont depuis longtemps senties, mais qui aujourd’hui sont devenues incontestables.

J’hésite presque à prononcer solennellement la