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VIII
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

portefeuilles et qui avaient pu, dans son petit cabinet de la rue d’Enfer, assis à sa table de travail, parcourir tout à leur aise son manuscrit, parlèrent à leur tour des Mémoires en pleine connaissance de cause et avec une admiration raisonnée[1]. Les journaux se mirent de la partie, sollicitèrent et reproduisirent des fragments, et tous, sans distinction d’opinion, des Débats au National de 1834, de la Revue européenne à la Revue des Deux-Mondes, du Courrier français à la Gazette de France, de la Tribune à la Quotidienne, se réunirent, pour la première fois peut-être, dans le sentiment d’une commune admiration. Tel était, à cette date, le prestige qui entourait le nom de Chateaubriand, si profond était le respect qu’inspirait son génie, sa gloire dominait de si haut toutes les renommées de son temps, que la seule annonce d’un livre signé de lui, et d’un livre qui ne devait paraître que bien des années plus tard, avait pris les proportions d’un événement politique et littéraire.

J’ai sous les yeux un volume, devenu aujourd’hui très rare, publié par l’éditeur Lefèvre, sous ce titre : Lectures des Mémoires de M. de Chateaubriand, ou Recueil d’articles publiés sur ces Mémoires, avec des fragments originaux[2]. Il porte, à chaque page, le témoignage d’une admiration sans réserve, dont l’unanimité relevait encore l’éclat, et dont l’histoire des lettres au XIXe siècle ne nous offre pas un autre exemple.

  1. L’analyse de M. Nisard sert de préface au volume intitulé : Lectures des Mémoires de M. de Chateaubriand (juillet 1834). — Les articles d’Alfred Nettement parurent dans l’Echo de la jeune France, nos de mai et juin 1834.
  2. Un volume in-8, à Paris, chez Lefèvre, libraire, rue de l’Eperon, no  6. 1834.