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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

L’ancre sauva le vaisseau quand il eut chassé sur ses autres ancres, au milieu des coraux des îles Sandwich.

Le mât fut rompu dans une bourrasque au cap de Bonne-Espérance ; il n’était que d’un seul jet ; il est beaucoup plus fort depuis qu’il est composé de deux pièces.

Le canon est le seul qui ne fut pas démonté au combat de la Chesapeake.

Les nouvelles du bord sont des plus intéressantes : on vient de jeter le loch ; le navire file dix nœuds.

Le ciel est clair à midi : on a pris hauteur ; on est à telle latitude.

On a fait le point : il y a tant de lieues gagnées en bonne route.

La déclinaison de l’aiguille est de tant de degrés : on s’est élevé au nord.

Le sable des sabliers passe mal : on aura de la pluie.

On a remarqué des procellaria dans le sillage du vaisseau : on essuiera un grain.

Des poissons volants se sont montrés au sud : le temps va se calmer.

Une éclaircie s’est formée à l’ouest dans les nuages : c’est le pied du vent ; demain, le vent soufflera de ce côté.

L’eau a changé de couleur ; on a vu flotter du bois et des goëmons ; on a aperçu des mouettes et des canards ; un petit oiseau est venu se percher sur les vergues : il faut mettre le cap dehors, car on approche de terre, et il n’est pas bon de l’accoster la nuit.