sainte table du Dieu de paix, pour se faire nommer ministres aux banquets de la guerre[1] : hérauts d’armes et brandisseurs des insignes royaux au sacre de Bonaparte, ils rempliront les mêmes fonctions au sacre de Charles X[2] ; puis, commissaires d’un autre pouvoir, ils mèneront ce roi prisonnier à Cherbourg, trouvant à peine un petit coin libre dans leur conscience pour y accrocher la plaque de leur nouveau serment. Il est dur de naître aux époques d’improbité, dans ces jours où deux hommes causant ensemble s’étudient à retrancher des mots de la langue, de peur de s’offenser et de se faire rougir mutuellement.
Ceux qui n’avaient pu s’attacher à Napoléon par sa gloire, qui n’avaient pu tenir par la reconnaissance au bienfaiteur duquel ils avaient reçu leurs richesses, leurs honneurs et jusqu’à leurs noms, s’immoleraient-ils maintenant à ses indigentes espérances ? S’enchaîneraient-ils à une fortune précaire et recommençante, les ingrats que ne fixa point une fortune consolidée par des succès inouïs et par une possession de seize années de victoires ? Tant de chrysalides qui, entre deux printemps, avaient dépouillé et revêtu, quitté et repris la peau du légitimiste et du révolutionnaire, du napoléonien et du bourboniste ; tant de paroles données et faussées ; tant de croix passées de la poitrine du chevalier à la queue du cheval, et de la queue du cheval à la poitrine du chevalier ; tant de preux changeant de bandières, et