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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

on me l’offrit ; je ne l’acceptai point. M. le comte Roy me pria de lui indiquer quelqu’un qui me fût agréable et que je choisirais dans la couleur de mon opinion. Je désignai M. Hyde de Neuville[1]. Il fallait en outre trouver le précepteur de M. le duc de Bordeaux ; le comte Roy m’en parla : M. de Chéverus[2] se présenta tout d’abord à ma pensée. Le ministre des finances courut chez Charles X ; le roi lui dit : « Soit : Hyde à la marine ; mais pourquoi Chateaubriand ne prend-il lui-même ce ministère ? Quant à M. de Chéverus, le choix serait excellent ; je suis fâché de n’y avoir pas pensé ; deux heures plus tôt, la chose était faite : dites-le bien à Chateaubriand, mais M. Tharin[3] est nommé. »

    assemblées délibérantes, son nom demeurera inséparable des luttes judiciaires de la Restauration, des mémorables combats pour la revendication de la liberté religieuse et de la liberté d’enseignement (1844-1850), et de la loi sur l’assistance judiciaire dont il fut, à l’Assemblée législative, le véritable auteur (7 décembre 1850 — 22 janvier 1851).

  1. Voir l’Appendice no IX : Chateaubriand et le ministère Martignac.
  2. Jean-Louis-Anne-Madeleine Lefébure, comte de Chéverus (1768-1836). Reçu prêtre le 18 décembre 1790, il émigra en Angleterre et de là en Amérique, prêcha l’Évangile chez les Indiens, et montra un tel dévouement pendant une épidémie de fièvre jaune qui ravageait Boston, qu’il fut nommé évêque de cette ville. Rappelé en France par Louis XVIII, qui le força d’accepter l’évêché de Montauban (1823), il dut se résigner, en 1826, à devenir archevêque de Bordeaux. Le 5 novembre de la même année, il fut nommé pair de France, puis conseiller d’État. La révolution de 1830 ayant supprimé les pairs créés par Charles X, M. de Chéverus en profita pour se retirer de la vie politique, et refusa la pairie du gouvernement de Juillet, qui, du moins, demanda et obtint pour lui le chapeau de cardinal (9 mars 1836). Sa Vie a été écrite par M. Hamon.
  3. Il était évêque de Strasbourg.